Puisque la Toussaint approche, ou le Jour des Morts pour les protestants, et que c'est le moment de recueillement officiel, pas que nous ne pensions pas à nos être chers disparus à d'autres moments, voici un poème récent. J'ai noté que vous consultiez mes poèmes sur le Deuil et je donne donc suite.
Cela fait maintenant dix-huits ans que mon fils, Alexis, est parti subitement avec son sourire, son humour, sa volonté d'oeuvrer à l'harmonie générale, sa capacité d'être un bon fils, un bon copain sur lequel on peut compter car toujours prêt à aider. Il s'est busquement suicidé avec son fusil d'assaut, donc par le feu qui l'avait déjà marqué à sept ans et demi lors de la fête de fin d'année scolaire - allumage des saucisses avec de l'alcool à brûler et un coup de vent -JAMAIS CA!!!!!). Ce fut horrrrrible et une vraie torture car les avancements que nous connaissons aujourd'hui dans ce domaine n'existaient pas encore en 1978 et les soins furent comme de la vraie torture, vraiment, je vous passe les détails auxquels je devais l'amener tous les deux jours après la sortie des semaines en soins intensifs, moi la mère. Durant le trajets, nous ne pouvions prononcer aucun mot, le silence total car nous SAVIONS TOUS LES DEUX ET IL SAVAIT QU'IL FALLAIT QUE CA SE FASSE, NE SE PLAIGNAIT PAS! COURAGEUX!!!!!
Il me manque car il fut le seul à me donner une vraie affection et tendresse que je n'ai plus jamais retrouvée et il est et reste de ma chair!!!
Donc, après 18 ans et la vie qui continue par la force des choses et aussi pour lui car je ne devais à aucun prix me laisser couler aussi pour lui ET un grand changement dans ma vie qui m'a permis de m'épanouir, de faire fleurir les dons qui étaient latents, tout reste au fond de moi, bien au chaud, car c'est le terreau de ce que j'ai pu construire après l'effondrement total de ma vie précédente. Une tragédie sans nom car il n'y a pas eu que ça bien que ce fut le pire.
L'oubli est une chose impossible, même le corps se souvient, il me fallait de toute façon me batailler avec tout ça, le pourquoi, comment et qu'ai-je râté ... donc après 18 ans comment je me sens? comment je vois les choses qui ressurgissent parfois de toutes leurs forces mais qui ont trouvé leur place en moi? Un poème est la réponse.
SOUVENIRS SI CHERS
Les souvenirs se déteignent lentement
tel ce miroir déteint dans lequel je me regarde en toi
certains jours plats.
Comme un mirage dans le désert, il y surgit alors
ma vie d'autrefois si intensement réelle des fois.
L'essence de toi, mon être si cher,
s'est fondue dans mon âme,
ma chair s'en est imbibée, m'en coeur s'en nourrit
et la mémoire en a déposé les souvenirs dans une boîte à trésors
que j'ouvre de temps en temps lorsque le besoin m'en prend
ou que j'entends, que je sens ta présence alors si réelle
transperce le voile de l'irréel.
Mon intuition est ce lien par lequel tu me guides vers
ce qui pour moi doit être, rester l'essentiel
et la voix du coeur résonne dans mes oreilles.
Le miroir se déteint car la vie continue,
se nourrissant du deuil intérieur et de nos souvenirs,
terreau du changement à accomplir,
s'effectuant tout doucement en ton nom
DÉPLORATION
Une aquarelle pour le dire durant ce moment de recueillemet