Et pourquoi pas à nouveau un poème noir, ceux que je sais aussi écrire, les vivant parfois car je connais la schizophrénie et ses effets néfastes, ses crises, ses bas terribles et ses moments de répit, sa stabilisation par defaut de guérison puisque la recherche n'en a pas encore trouvé la raison, donc, la solution. Maladie terrible, dévastatrice, souvent, empêchant le développement normal de la personne, la privant de son adolescence, d'une vie d'adulte normale, l'empêchant de travailler la plupart du temps. la personne restant toujours en rémission, diminuée d'une façon ou d'une autre. Au mieux, son travail, sa mission, consistent à survivre, à vivre comme "les normaux", tant bien que mal. Pour ce faire, il faut laisser tomber ses rêves d'avant la maladie - difficile, si difficile -, apprendre à gérer la maladie, ce qui signifie beaucoup se reposer, mesurer les sorties, les conversations car tout est un effort, tout est sujet à anxiété surtout les sentiments, la distance par rapport aux autres - trop prêt ou trop loin - même avec la famille car on se sent le mieux tout seul, dans son monde intérieur personnel que persone ne peut comprendre, pénétrer. On est tout seul, si seul, si incompréhensiblement seul. C'est une maladie terrible dont souffrent plus de peronnes que l'on croit.
Et voici le poème qui décrit un de ces moments dangereux, critique où tout peut balancer d'un coup dans le " si loin de nous ". Il faut respecter la personne, dans toute circonstance, sauf dans celles où il faut la protéger de ... ce qui suit
L'OISEAU NOIR
Elle porte à nouveau ce gilet pare-balles
contre l'amour-douleur, la morsure des sentiments,
toute tentative de discussion.
Elle est repoussoir renvoyant, par ricochet, froideur et vide d'airain.
Tout est étouffé, le feu de la vie est asphyxié.
Gentillesse, compréhension sont renvoyés par boomerang,
droit dans le mil, là où ça fait mal.
Elle porte ce gilet pare-balles
et je me retrouve les bras ballants,
assise sur mon séant, sonnée, pétrifiée,à ravaler mes sentiments
dans un silence tonitruant.
L'oiseau noir l'attaque à nouveau,
la prend, la serre dans ses serres,
l'entraînant dans un monde noir,
loin de la lumière.
Alors, j'enfile mon bouclier et fait front
à l'oiseau noir, le chasse et le terrasse.
Et un filet de vie se faufile à nouveau
sous sa carapace.
DÉPRESSION SCHYZOHRÉNIQUE
pastel 2003